En 2019, le Shadok à Strasbourg accueillait – dans le cadre de « Strasbourg Capitale Européenne de l’ESS” – un séminaire autour des dénominateurs communs entre CAE, fablabs et tiers-lieux. L’initiative, portée par Coopérer pour Entreprendre, réseau national de CAE, réunissait une soixantaine de participants venus de France et de Pologne : chercheurs, entrepreneurs coopératifs, acteurs culturels, réseaux, collectivités… Le présent document consiste en la documentation de ce séminaire, augmenté de ressources bibliographiques supplémentaires, de nombreuses focales (Kaleidoscoop, Shadok…) sur des ressources existantes et des exemples destinés à faire atterrir le propos sur des situations concrètes. En fil rouge, la question du droit comme élément clé à l’essor du commun : “Pour redonner de la capacité d’action à ces lieux et plus largement aux communs, le droit est à même d’apporter des réponses.” La première partie de ces actes passe en revue les convergences entre CAE et tiers-lieux surla manière dont le collectif augmente la capacité d’agir du travailleur individuel tout en postulant que le collectif ne produit pas systématiquement le commun. Le chercheur Hugues Bazin positionne ainsi le tiers-lieu au coeur de défis démocratiques à travers des dynamiques par lesquelles une communauté donnée administre un bien commun (faisceau de pratiques désigné comme le commoning) : “ces espaces sont des lieux de recomposition au sein desquels les usagers acteurs développent leurs outils et ressources communes. Ils y produisent un savoir original. En créant ses propres zones d’autonomie, le travail culturel interroge les normes et les dispositifs institutionnels. Il recompose de nouveaux rapports à la société. De fait, le travail culturel institue un nouveau monde de significations sociales et imaginaires. Or, sans imaginaire, pas de collectif. Sans imaginaire, pas de société. » La documentation d’un autre échange pose la question du tiers-lieu comme espace propice à l’innovation de l’action publique, avance l’hypothèse des risques de l’institutionnalisation du tiers-lieu, et mobilise l’exemple de Mains d’Oeuvres (Saint-Ouen), expulsé de ses murs par la municipalité en 2019 (et réintégré quelques mois plus tard) pour émettre des propositions d’actions collectives pour renforcer la logiques des communs au sein du mouvement tiers-lieux, et mettre en capacité société civile et acteurs publics de distinguer les tiers-lieux qui relèveraient du privé et ceux qui relèveraient du commun. Le séminaire évite l’écueil du traitement binaire et poursuit avec l’hypothèse d’un système participatif de garantie pour les tiers-lieux en s’inspirant de dispositifs comme le Système Participatif de Garantie – soit un référentiel d’évaluation co-construit entre pairs – et en valorisant le travail initié en 2017 par Tilios dans le cadre de la Biennale du Design de Saint-Etienne et ses critères constitutifs d’une marque de certification collective : libre et open source (liberté / qualité), confiance et bienveillance (temps / durée), libre appropriation (capacité et compétences, émancipation en acte (processus et ressources), et résilience et modularité (portée de mon action).
Catégorie : Brève
Thème : Les communs
— 1 septembre 2022
Préserver et développer des tiers-lieux fondés sur la logique des communs
Pour aller plus loin
Coopérer Pour Entreprendre, “Préserver et développer des tiers-lieux fondés sur la logique des communs. Retours et interprétations du séminaire consacré aux Tiers-Lieux, Fablabs et CAE du 26 novembre 2019 à Strasbourg”, Movilab – URL https://cooperer.coop/wp-content/uploads/2020/04/327_CPE_actes_FR_9.pdf (Consulté le 30/05/22)
ANCT, Réseau Français des FabLabs”, le réseau “Tiers-Lieux Libre et Open Source” et artfactories/autresparts, Programme de recherche-action “Agir par les Communs” – URL : https://pad.lamyne.org/cget-tilios-rfflabs-agir-communs (Consulté le 30/05/22)