Les communs, des jardins partagés à Wikipédia

Jean-Benoît Zimmermann est directeur de recherche au CNRS et compte parmi l’un des premiers économistes français à s’être penché sur le logiciel libre, les communs numériques et les contributions volontaires dans le champ associatif et des communs. Dans cet ouvrage généraliste et accessible – dont l’intention est de rappeler “à quel point le communs sont devenus une réalité incontournable” et d’ouvrir au débat d’une “nécessaire économie politique des communs” – l’auteur rappelle que les communs s’inscrivent dans une histoire longue (biens communaux, mouvement ouvrier, science ouverte…), pour faire la synthèse des différentes visions modernes des communs (Garrett Hardin et la tragédie des communs, Elinor Ostrom, communs de la connaissance et nouvelles approches de la propriété intellectuelle) et aboutir à une cartographie des approches contemporaines des communs (comprenant une approche par le droit et un sous-chapitre faisant état des outils juridiques adaptés dont les différentes licences en creative commons). C’est à partir du chapitre 4 que l’ouvrage dépasse sa dimension historique pour procéder à un “élargissement de la définition de commun” en direction des communs fonciers ou naturels, des communs de la connaissance mais aussi des communs culturels et surtout des communs sociaux (“ce sont de nouveaux communs que les habitants, les citoyens, revendiquent de pouvoir gérer collectivement plutôt que d’en être réduits à des solutions inefficaces toujours imposées d’en haut »), urbains (formes d’occupation de l’espace public et de revendication du “droit à la ville”) et territoriaux (“les communs territoriaux se définissent dans leur rapport organique au territoire, entendu comme une construction sociale d’acteurs dans une situation de proximité géographique”). Ces trois formes de communs ont à voir avec les tiers-lieux comme espace-temps en capacité de fédérer des parties prenantes plurielles autour d’une ressource ancrée territorialement, et redessinant des formes d’organisation à la fois expérimentales et horizontales. Les deux derniers chapitres sont tournés vers une mise en perspective des communs comme une alternative à la dualité Etat/marché, à l’exploration du lien entre communs et Etat-providence et celle des liens entre intérêt général et intérêt commun, pour ensuite mettre la focale sur le potentiel de l’ESS dans le développement des communs et présenter les besoins législatifs et réglementaires à celui-ci.