Les communs comme levier d’émergence de formes renouvelées de démocratie

« Du squatting au standing up : dynamiques d’appropriation et gestion citoyenne et participative de 11 espaces napolitains » est un article universitaire signé par Ilaria Casillo, Maîtresse de conférences en urbanisme à Université Gustave-Eiffel, et Nicola Capone, Docteur en philosophie du droit à l’Université des études de Salerne. Il replace les pratiques d’occupation de dents creuses urbaines comme espace-temps d’émergence de formes renouvelées de démocratie et, plus loin, de mutations à l’œuvre dans le droit pour accompagner ces formes alternatives de production de l’espace. Au travers de l’étude de onze espaces collectifs napolitains passés d’un positionnement de résistance par rapport à la puissance publique à une reconnaissance de leur statut de Biens Communs par la Ville, l’article explore la place de la puissance publique dans sa capacité à reconnaître des ressources communes servant les droits fondamentaux. Ainsi, des expérimentations dans l’occupation d’espaces urbains délaissés par des collectifs issus de la société civile contribuent-ils à la fois à mettre à l’épreuve les formes normées de la démocratie et faire évoluer jusque dans le droit la posture du pouvoir à leur égard. L’article questionne dans une première partie (Les biens communs comme nouveau support de la critique sociale) les différents degrés de dialogue entre ces pratiques « revendicatives » d’occupation de l’espace et l’institution (résistance, l’opposition, la participation, collaboration, délibération) pour dessiner dans une seconde les contours de nouvelles formes d’organisation démocratique à l’oeuvre et enfin interroger ces espaces comme des instances alternatives potentielles au jeu démocratique. Ainsi, “l’exemple napolitain et de manière plus large l’expérience italienne des biens communs permettent d’ouvrir de nouveaux questionnements. Tout d’abord, on pourrait se demander si et comment ces expérimentations vont évoluer et s’insérer dans le jeu politique local et national et si leur « ethos de résistance créative » (Gabardi, 2011) n’est pas destiné à se diluer dans les interstices ambigus du collaboratif ou de la gestion déléguée de biens publics. Il est donc nécessaire de suivre sur la durée ces expérimentations pour analyser si et comment ces épreuves démocratiques très ancrées spatialement pourront produire leur propre confirmation. » Un point de vue incontournable sur la manière dont les communs peuvent se saisir des tiers-lieux – et vice-versa – dans la génération de formes spatiales et sociales alternatives à l’échelle des territoires et leur reconnaissance par la puissance publique.