Quels sont les sujets immanquables pour le Labo Tiers-Lieux ? Sur quels sujets aimeriez-vous travailler au sein du Labo Tiers-Lieux ?
Un tiers-lieu, c’est un dispositif social non soumis aux impératifs économiques, sociaux, culturels, dont la raison d’être est de créer un cadre pour imaginer, ensemble, différents mondes meilleurs possibles, et essayer de les réaliser (DIWO). Apprendre à faire ensemble (Learn, Make, Share). Un vecteur d’innovation, mais aussi et surtout d’intégration, dont la seule contrainte universelle est la production de communs.
Les tiers-lieux sont des espaces d’expression de la démocratie participative, collaborative et contributive. Du point de vue des Espaces du Faire, lieux où s’invente un nouveau rapport collectif avec la technique, un tiers-lieu de fabrication est un lieu où l’on questionne les relations que nous entretenons avec nos outils et nos savoir-faire : que peut-on fabriquer ? Comment peut-on le faire au mieux ? A quel prix ? Quels agencements socio-techniques sont les plus aptes à garantir la satisfaction collective de nos besoins les plus essentiels, en tenant compte du caractère limité des ressources naturelles et des impacts de nos activités sur l’environnement (économie circulaire) ?
Comment s’assurer enfin que les inventions et bonnes pratiques surgies quelque part puissent être diffusées et adaptées sur toute la planète de manière durable (fabrication distribuée), et ne servent pas seulement l’intérêt d’une poignée d’entre-nous ?
Quel est selon vous le rôle à jouer de ce “labo tiers-lieux” ?
Caisse de résonance des différentes expérimentations « en tiers-lieu » en cours, il doit être un espace où les initiatives qui parsèment le territoire sont mises en lumière et discutées. La documentation permet d’abord de garder trace des enseignements, des succès et des erreurs de chaque projet. Pour cela, il faut s’assurer que toute la diversité de ces expériences est bien représentée et décrite avec la plus grande précision possible.
À cette fin, il faut s’employer à soutenir les collectifs les plus fragiles et disposant de moins de moyens dans l’expression et l’analyse de leur démarche. Mais cette mise en lumière ne doit pas se limiter à être un simple exercice de valorisation. L’enthousiasme d’une communauté de valeurs ne doit pas l’amener à occulter les difficultés structurelles de son développement.
Chaque expérience doit donc être soumise au crible d’une véritable pensée critique à même d’éclairer les différents aspects de sa mise en œuvre et ses effets sur différentes échelles. Cantonner un tiers-lieu à une thématique stricte c’est occulter son aspect systémique, c’est risquer une balkanisation des structures et pire, de la pensée.
Il ne doit donc pas se contenter d’être un simple patchwork d’expressions singulières, il doit être avant tout l’occasion d’ouvrir des espaces de discussion et d’analyse communs, et doit aussi promouvoir un travail scientifique en profondeur, de la véritable recherche action. C’est à cette condition que cette expérience pourra contribuer au vaste mouvement qui la précède dont elle souhaite se faire le porte-voix.